La Mouflette
Françoise DORIN
France Loisirs - 1994
304 pages
L'histoire est celle d'un ménage à trois : Lui, Elle et l'Autre. L'Autre, c'est la mouflette, un bébé de six mois. Pas le genre "risettes et gazouillis", mais un bébé à problèmes. Un bébé à angoisses. Un bébé tyran, d'une fragilité... herculéenne. Elle s'appelle Ophélie. Elle, c'est la grand-mère d'Ophélie. Pas le genre "Mamy confiture", mais une grand-mère qui voyage, qui travaille, qui sort, qui aime. En vérité, c'est une femme de quarante-trois ans qui a beaucoup de bonheur à rattraper. Et depuis seulement une vingtaine de mois, elle le rattrape avec... "Lui". Lui, c'est "Lui". Pas le genre "gentil et confortable". Sur ses cartes de visite, il s'intitule "Homme libre". Dans la vie, il s'ingénie à l'être et fuit tout ce qui peut entraver son indépendance. En premier lieu, les enfants. Pour Elle et Lui, amants comblés et insouciants, l'Autre a beau être au berceau, c'est quand même l'Autre et sa présence qui entraîne les mêmes conflits que dans la plupart des ménages à trois.
Encore une fois, c'est grâce à maman et sa volonté de compléter ma PAL rouge avec les livres de leur bibliothèque que je n'aurais pas encore lus, pour cette nouvelle session du Challenge Bookineurs en Couleurs, que je me suis retrouvée avec La Mouflette entre les mains. Du coup, quand j'ai tiré au sort ce livre dans ma Red Book Jar, j'étais plutôt contente : même si j'avais peur que la lecture soit un peu datée (n'ayant pas adhéré au seul autre livre que j'avais lu d'elle), j'étais tout de même contente de savoir que ça faisait un livre supplémentaire à leur rendre (parce qu'au fil des sessions et des saisons, leurs livres s'entassent dans ma bibliothèque !).
L'intrigue autour de la petite Ophélie m'a beaucoup plu : je n'ose imaginer le choc que cela doit être de se voir déposer un bébé dont on n'a pas la connaissance tout en apprenant son lien de parenté. Si cela serait un choc pour plus d'un, j'ai trouvé que celui-ci était plutôt bien amorti pour Paule qui n'est pourtant plus en contact avec sa fille depuis des années. Pour le coup, ça ne m'a pas forcément dérangée : quand on est face à une urgence, c'est souvent le pilote automatique qui se met en marche et j'ai trouvé plutôt intéressant la manière dont le lien maternel se fait. La relation entre ces deux-là est plutôt douce dans sa construction même si Ophélie n'a rien du bébé "parfait" tant elle semble souffrir de la situation qu'elle doit peiner à comprendre... Du coup, j'ai trouvé assez moche que les questions que Paule se pose vis-à-vis de sa petite fille découlent plus de sa relation avec Barth que de ce qu'elle veut vraiment.
Franchement, la romance entre Paule et Barth ne m'a pas du tout fait rêvée. Je ne l'ai pas trouvée saine du tout et clairement, ce n'est pas ce dont j'ai envie dans ma vie. J'ai eu l'impression qu'elle était totalement déséquilibrée : que Barth impose, que Paule dispose et que le premier n'est pas du genre à faire des compromis. Machos ou pas, il a tout du grand gamin qui refuse de grandir et qui est habitué à ce que l'on cède à ses caprices. J'ai trouvé son attitude nulle envers Paule : souvent moqueuse, parfois culpabilisante ou provocatrice mais rarement dans l'écoute. Tout va uniquement dans un sens et j'ai trouvé ça particulièrement moche.
En fait, en général et à l'exception de Félix, j'ai trouvé Paule bien mal accompagnée dans la vie. Je n'ai pas l'impression qu'elle puisse compter sur beaucoup de personnes et c'est d'autant plus dommage qu'elle a l'air d'être quelqu'un de fiable et empathique. J'ai été agacée par le fait que beaucoup de ses proches lui dictent ce qu'elle doit faire dans sa vie, servant souvent leurs propres objectifs, sans se soucier de ce qu'elle veut ELLE réellement.
Du coup, la conclusion ne m'a pas franchement émue. Alors, certes, elle conclue l'histoire comme Paule semblait l'espérer mais, au fond, je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure chose que l'on pouvait lui souhaiter. J'espère que les remises en question et compromis de chacun tiendront dans le temps.
Paule est un personnage plutôt agréable à suivre même si elle change d'avis assez régulièrement suivant les conseils de chacun. Elle ne m'a pas donné l'impression de savoir s'écouter et, d'une certaine façon, cela m'a incité à la protéger. J'ai été un peu étonnée de sa description physique (une grande liane) à des années lumières de ce que j'imaginais tant elle a tout d'une petite souris qui se fait discrète dans la vraie vie.
Barth m'a profondément déplu : il n'arrive clairement pas à la cheville de Paule et ne la mérite pas. Il m'a agacé par ses caprices, son chantage affectif et ses demi mensonges. Certes, il a vraiment une aura magnétique mais cela ne justifie pas son comportement.
La petite Ophélie est touchante même si elle est continuellement en train de pleurer et qu'elle a besoin d'être rassurée. Je serai curieuse de voir comment elle a grandi quelques années plus tard.
Je pense que j'ai davantage accroché à l'écriture de Françoise DORIN dans ce roman que dans En avant toutes ! bien que ce ne soit pas vraiment un style qui me parle. J'ai apprécié son dynamisme et son côté sans détour, mais je préfère des écritures plus douces et moins agressives. Elle va tellement droit au but que, par moment, j'avais l'impression qu'il me manquait des informations pour tout comprendre.
Une histoire qui ne m'a pas fait rêver.
[les +] Une histoire prenante et dynamique.
[les -] Une romance pas vraiment saine.
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