Comptine des Height
Jean LAHOUGUE
Le Club Express - 1980
325 pages
Jeune médecin stagiaire à l'hôpital dirigé par le professeur Foster, le narrateur prépare une thèse sur la vieillesse, ce qui l'amène à passer les fêtes de Noël auprès de Lady Height, dans son superbe domaine de Charlen House isolé sous la neige et les brumes. Parmi les hôtes de la tyrannique infirme se trouvent réunis Lord William son second mari, le baronnet John son fils unique, né d'un premier mariage, fiancé à Cordolia sa belle-fille, mais surtout la mystérieuse Gillian, une cousine éloignée dont le jeune médecin tombe éperdument amoureux. Autres invités : les parents divorcés de Gillian, le commandant Mulligan, Anne et son mari le président Salomon, Michaël Height l'architecte, enfin Richard, un musicien contrefait. Entre les murs hautains et fastueux du château, les fêtes tournent soudain au drame sanglant : les hôtes sont tous assassinés en l'espace de cinq terribles journées. Qui donc peut être l'ange exterminateur et pourquoi a-t-il tué ? Après avoir bouclé le domaine, la police mène l'enquête sur le lieu des crimes. Chaque personnage est suspecté à tour de rôle, et le narrateur lui-même n'échappe pas aux soupçons.
Clairement, il ne vaut mieux pas être avec ma maman au moment de constituer sa mini-PAL au début d'une nouvelle session du Challenge Bookineurs en Couleurs : elle adore alors faire le tour de ses bibliothèques pour dénicher des livres de la bonne couleur et augmenter drastiquement le nombre de livres à lire (ou, plutôt à essayer de lire). Quand elle m'a tendu Comptine des Height, je n'ai pas trop su quoi en penser tant rien sur le livre ne donnait d'indices sur le contenu de son histoire...
Cela dit, quand je l'ai tiré au sort de ma Red Book Jar, je n'étais pas ravie ravie : j'avais un peu un mauvais pressentiment concernant mon attrait pour cette histoire emprunté à mon papa, d'autant plus que ce n'était pas tellement son genre habituel de lecture. Cela dit, j'imagine que sa couverture dénuée d'informations y était aussi pour beaucoup : généralement, ça va plutôt de paire avec les bouquins intellos dont seuls les auteurs (et leurs éditeurs - quoique je me demande s'ils ne font pas semblant ;D) comprennent leur contenu.
Malheureusement pour moi, l'intuition a été la bonne. Franchement, cela faisait longtemps que j'avais aussi peu adhéré à ce que je lisais. C'est simple, je me suis revue devant Stendhal à préparer mon bac de français : à peine avais-je tourné une page que je ne me souvenais plus ce qu'elle contenait. J'ai vraiment trouvé la narration très pénible.
En soit, l'histoire aurait pu être prenante : l'ambiance huis-clos est plutôt intéressante, surtout avec son petit air désuet d'une autre époque qu'il est étonnamment difficile de situer. Je me suis plu à imaginer tout ce beau monde en tenues du début du XXe siècle mais, en l'absence d'indications temporelles, il est surement plutôt probable que ce soit contemporain à l'écriture du livre et donc aux années 80.
J'ai trouvé plutôt intéressante la découpe du roman par jour, nous laissant nous demander qui sera la prochaine victime. Pour le coup, j'ai plutôt apprécié les multiples rebondissements liés aux meurtres et aux choses que mettent en place les Height pour se protéger. J'ai trouvé difficile de trouver l'identité du coupable mais c'est surement en lien avec mon désintérêt pour cette histoire. Pour le coup, j'ai trouvé les conclusions plutôt lourdes et répétitives.
Le narrateur - impossible de dire s'il a un nom ou pas - ne m'a pas vraiment touchée. Je l'ai trouvé un peu pépère et faussement dégourdi malgré son jeune âge. Clairement, il s'agite plus qu'il n'agit. J'ai eu l'impression qu'il se donnait davantage d'importance qu'il n'en avait réellement dans cette histoire. Pour le coup, je n'ai pas tellement compris l'intérêt de mentionner à plusieurs reprises qu'il est médecin tant cela n'apporte rien à cette intrigue. Si ce n'est que de nous relater les faits de l'intérieur, je l'ai trouvé plutôt inutile et inintéressant.
Les autres personnages ne m'ont fait ni chaud ni froid. Je pense que c'est conjointement dû au huis-clos ainsi qu'à la narration qui les décrit un peu à la façon d'un ouvrage d'anthropologie. Je trouve dommage de ne pas avoir aperçu leur part d'humanité ou quelque chose pour me raccrocher à eux : après tout, c'est ce que je viens chercher dans un livre.
Franchement, j'ai trouvé l'écriture de Jean LAHOUGUE particulièrement fastidieuse à suivre : j'ai du mal avec les écritures ampoulées et contemplatives qui me donnent souvent l'impression égocentrée que l'auteur se lit en train d'écrire. Je crois que dans le cadre de Comptine des Height, cette perception est d'autant plus renforcée que le romancier a donné son nom à un personnage et pas n'importe lequel. Outre ce fait, j'ai trouvé que ce genre de narration se mariait peu avec ce type d'histoire : elle l'aplati totalement en atténuant ses rebondissements. Et, plus que tout, j'ai été agacée d'avoir l'impression de relire sans cesse les mêmes choses tant le narrateur revient sur des faits du passé ou laisse la place successivement à des échanges avec d'autres personnages pour redire un peu différemment ce qui a été expliqué dans les dizaines de pages précédentes.
Personnellement, je n'ai pas du tout compris la comparaison avec Dix petits nègres. Certes, Jean LAHOUGUE mentionne cette histoire et son auteure en préambule mais, à part le huis-clos et le nombre de meurtre, tout éloigne ces deux histoires au niveau de l'écriture : clairement, je ne pense pas que les amateurs du style direct et dynamique d'Agatha CHRISTIE retrouveront ce qui leur plaît tant dans Comptine des Height.
Je passe mon chemin.
[les +] Une intrigue intéressante
[les -] Une narration lourde, plate et ampoulée
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