L’invention d’Hugo Cabret est un livre d’une originalité profonde, où les images ont la même importance narrative que les textes.
L’expression « roman graphique » semble avoir été forgée pour lui. Sur les 533 pages qui le composent, seule 182 sont véritablement du texte, le reste est composé d’images au crayon, dessinées par l’auteur, ou de photographies noir et blanc d’époque. L’intelligence de l’auteur est de ne pas limiter leur rôle à la restitution d’un Paris devenu mythique, celui de cette Belle époque, où le cinéma s’invente, où la modernité s’affirme dans les arts comme dans les sciences. Ici les images ne sont pas illustratives, elles sont narratives. Il faut les lire et les faire sienne comme les mots d’un texte. Elles sont dans les mailles d’une histoire.
A sa manière Brian Selznick amplifie le travail entamé il y a longtemps par Chris Van Allsburg. Mais ce qui aurait pu n’être qu’une manière, une astuce formelle de plus, charpente ici une histoire passionnante, énigmatique, laissant place à l’imaginaire, tout en ce faisant un bel hommage à des artistes comme Georges Méliès.
Livre ouvert, il s’offre, à notre époque qui s’affirme comme celles des images, comme un moyen étrange, peut-être inédit, mais certainement d’une indispensable initiative, de ne plus limiter la lecture aux mots et de l’étendre aux images.
La petite soeur ayant détesté le film au cinéma, je ne pensais pas qu'un jour je prendrais le temps de découvrir cette histoire. Mais bon, le livre faisant parti du baby-challenge jeunesse je me suis lancée et... la découverte est franchement très bonne ! Il me permet également de participer à la session café du challenge gourmand proposé par Titepomme.
J'ai trouvé le format du livre très original : il y a énormément d'illustrations et celle-ci font toutes avancer l'histoire. Ça en deviendrait presque une bande dessinée vu leur importance : en les zappant, on pourrait presque louper un moment important de l'histoire ou mal comprendre ce qu'il suit... Au final, ce petit pavé de 500 pages se lit très vite !
L'histoire en elle-même m'a également bien plu : j'ai bien aimé ce monde d'horloger et d'automatisme. Ça à un petit côté à la Carlos Ruiz Zafon que je ne pouvais qu'apprécier (sans les trucs bizarres fantastiques cela dit !).
J'ai également beaucoup apprécié le côté réel de l'histoire avec ces personnages ayant réellement exister (Georges Méliès) et de ces films d'une autre époque dont je n'avais jamais entendu parler (pas taper !) et que j'ai bien envie de regarder maintenant...
Le personnage d'Hugo m'a bien plu : il est vraiment dégourdi ce môme ! Et n'a peur de rien. C'est agréable de suivre un personnage comme lui, qui n'a plus rien à perdre : il fait vite avancer l'histoire avec beaucoup de curiosité et d'émotion.
Isabelle m'a moins plu : je ne saurais pas dire exactement quoi mais il y a quelque chose que je n'ai pas senti chez ce personnage. Elle est assez instable et immature en fait et je crois que c'est ce qui m'a assez dérangée chez elle. C'est d'autant plus dommage qu'elle est pourtant très sympathique comme jeune fille.
De la même façon, je n'ai pas non plu apprécié le personnage de Méliès qui a globalement le même caractère que celui de sa petite fille. Mais j'ai trouvé intéressant son côté tourmenté qui donne une dimension supplémentaire à l'histoire même si il reste très difficile à comprendre.
L'écriture de Brian Selznick est très agréable, tout en simplicité et en finesse. Il n'en dit pas beaucoup, laissant une grande place à l'émotion à travers ses illustrations, mais c'est largement suffisant. J'ai apprécié la fluidité de sa narration qui nous fait dévorer son livre sans pouvoir nous arrêter... Pour le coup, j'ai bien envie de regarder le film maintenant !
L'invention de Hugo Cabret est vraiment un chouette bouquin à découvrir.
[les +] Un livre surprenant et original, une histoire intéressante et bien racontée.
[les -] Quelques personnages un peu énervants.