On ne retient souvent de Roméo et Juliette que l’histoire d’un amour impossible : l’amour de deux adolescents qui doivent faire face à la haine opposant leurs deux familles, les Capulet et les Montaigu. Pour sa première incursion en terres shakespeariennes, Olivier Py a choisi de mettre à distance ce cliché romantique.
Le metteur en scène donne corps à une intuition singulière : si les amants de Vérone s’aiment, ce n’est pas malgré le monde, malgré les préjugés de leurs familles, malgré tous les obstacles qui se dres-sent devant eux, mais à cause de tout cela. Si les amants de Vérone s’aiment, c’est précisément parce que leur amour est impossible. Prenant le parti de la concentration et de la simplicité, Olivier Py – qui n’avait encore jamais eu de rendez-vous avec le public du Grand T – crée une version ramassée, percutante, de Roméo et Juliette. Une version qui rend sensible la liberté sauvage d’un monde au sein duquel la jeunesse brisée des deux amoureux ne vieillira pas.
Avec :
Olivier Balazuc (Capulet, Paris) - Camille Cobbi (Juliette) - Matthieu Dessertine (Roméo, Montaigu) - Quentin Faure (Tybalt, Lady Capulet) - Philippe Girard (Frère Laurent) - Frédéric Giroutru (Mercutio, Sampson) - Mireille Herbstmeyer (Nourrice) - Benjamin Lavernhe (Benvolio) - Barthélémy Meridjen (Le Prince, Clown, Le Choeur, Apothicaire, Gregory, Frère Jean) - Jérôme Quéron (Musicien, Abraham)
et David Broutté, Fabrice Charles, Gilles Hollande, Vincent Val.
Il y a de très bonnes critiques sur cette pièce sur internet mais il y en a autant de très mauvaises. Personnellement, j'ai beaucoup aimé : j'y ai retrouvé le Shakespeare que je ne croise que dans la version anglaise de ses pièces. Ça m'a fait énormément plaisir de ne pas avoir uniquement que le côté tragique (voir cul-cul) de Roméo et Juliette mais aussi tout ce qui est habituellement censuré dans les traductions françaises : la haine, la guerre, les dialogues parfois grivois qui se mêlent étrangement bien au langage plus soutenu... J'ai redécouvert cette pièce et c'est très agréable (je suis une bille en anglais, c'est officiel ;D) !
C'est la prof' de français de la petite soeur qui a conseillé à sa classe d'aller voir Roméo et Juliette, alors forcément j'ai sauté sur l'occasion (surtout que c'est plutôt rare de voir du Shakespeare joué) pour aller au Grand T avec elle et découvrir la mise en scène d'Olivier Py.
Honnêtement, je n'y connais rien au théâtre : je ne suis pas fan des trucs surjoués et pas naturels alors forcément le théâtre n'est pas franchement mon truc... Mais là, ça a été, j'ai trouvé que les acteurs s'imprégnaient facilement et rapidement de leur personnage : je pense notament à Quentin Faure et Olivier Balazuc qui avaient des doubles rôles et faisait quasiment des dialogues à eux tous seuls. C'est assez impressionnant ! Sans compter qu'au final le jeu de l'ensemble des acteurs était assez naturel (bon ça reste déclamé --') et les mimiques très travaillées...
J'ai bien aimé le fait que la pièce soit modernisée : les acteurs en tenue contemporaine, les dialogues dépoussiérés (tout en restant plus que fidèle à Shakespeare) et l'histoire totalement transposable à notre époque.
Il me semble que la petite soeur n'a pas apprécié cette pièce autant que moi : je crois qu'elle a trouvé la seconde partie trop longue (après la mort de vous-savez-qui - *ne spoilera pas*) et la mise en scène peut-être un peu vulgaire (le mot est sans aucun doute trop fort) : les dialogues "osés" ne l'ont pas franchement convaincue et visiblement encore moins le fait de découvrir l'anatomie complète de Roméo (Matthieu Dessertine) et de Mercutio (Frédéric Giroutru) - même si ils sont assez (pour ne pas dire "très") croustimiam...
En tout cas, maintenant, je compte suivre de plus près le travail d'Olivier Py, surtout si il remet en scène une autre pièce de Shakespeare !
Il n'y a plus de représentations sur Nantes, mais j'imagine que la tournée se fait à un niveau national, alors si vous avez l'occasion de la voir, n'hésitez pas ! Je crois que c'est important de découvrir le vrai Shakespeare et pas l'auteur pâlichon qu'on nous fait étudier en cours de français... Bref, si vous en avez envie, allez la voir !