On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant.
Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce. C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'on prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité.
J'ai l'habitude de lire des livres sur l'holocauste, mais pas des témoignages. Ce qui est totalement différent ! Si c'est un homme fait parti de cette deuxième cathégorie de livre et ce qui m'étonne, c'est qu'il n'y a pas de haine, pas de colère...
Si c'est un homme est un livre réellement bouleversant. C'est simple, clair et précis. Primo Levi nous raconte son histoire telle qu'elle a été : on découvre ses voyages, les "sélections", le fonctionnement du camps... Je suis d'ailleurs étonnée du nombre si petit de nazis présents dans ce camps : comme quoi il ne faut jamais se fier aux films !
Y'a tout de même un petit truc qui m'étonne dans ce livre : on ne parle pas des morts. Tout tourne autour de Primo Levi - même si ça se comprend - mais j'en ressors avec l'impression qu'il était, en fait, facile de survivre à Auschwitz (mise à part les sélections pour la chambre à gaz). Des tas de gens meurent dans ce livre, mais on en entend quasiment jamais parler, le seul moment où je me suis rendue compte c'est quand Primo Levi écrit que dans le second hiver est arrivé, il hésitait à aller se faire électrocuter par le grillage qui entoure le camps tellement que c'était terrible. C'est là que ça a fait tilt : des gens sont morts "pendant que" je lisais ce livre et je ne m'en suis pas rendue compte... C'est assez dérangeant comme impression. Auschwitz, comme n'importe quel camps, était un lieu mortel : je trouve dommage que ce livre ne nous mets pas vraiment en face de cette vérité.
C'est un livre de vie c'est certain et c'est génial de voir que certains s'en sont sortis, mais ça m'a fait bizarre d'avoir oublié - parce qu'ils n'étaient pas mentionnés - pendant 100 pages que des gens étaient aussi morts là-bas. Je n'aurais pas survécu à Auschwitz, mais pendant ces quelques pages, j'ai eu l'impression que ça aurait pu être le cas.
Si c'est un homme est un livre vraiment bouleversant. Thalia, sur livraddict à dit "Ce livre ne se critique pas, il se lit et on apprend.". Je ne peux que être d'accord avec elle.
A lire !