Marco a quitté Vélizy pour la campagne. Il a quitté son psy parce qu’il trouve qu’il va mieux. Il a quitté son boulot de reporter parce qu’il en a marre de photographier “des cadavres exotiques ou des gens en passe de le devenir”.
À part ça, tout va bien. Il a un frère complice (rigolades et gros pétards) qui l’appelle Georges et réciproquement, à cause de John Malkovich qui disait dans Des souris et des hommes : “J’aurai un petit lapin et je l’appellerai Georges, et je le garderai contre mon cœur.” Il a des parents au bord de la mer. Un papa tout ratatiné qui oublie le présent mais se rappelle très bien la couleur de la robe de sa mère le jour de son mariage. Une maman qui s’inquiète pour lui, sa constipation, son avenir et le cancer du poumon qu’il va sûrement choper, comme le fils de Mme Bergerin.
Après une virée affectueuse (et éprouvante) chez les parents, il retrouve le silence de sa petite maison dans la verdure, et son chat (baptisé Adolf en raison d’un caractère “affirmé”), qui se fait charcuter par le gros chien d’un sale con de chasseur. À cette occasion, il rencontre Émilie, vétérinaire de son état, et un chouette petit vieux qui ramasse des mûres. Ça lui fait un amour et un ami. Mais voilà que tout se déglingue : Emilie se met à vouloir des choses angoissantes (partager avec lui une maison et un bébé), et le passé dégoûtant du gentil petit vieux émerge brutalement. Marco craque. Et puis, la cruauté et la connerie achevant de détruire son monde, il touche le fond. Ce qui lui permet de remonter. “J’ai encore pas mal de choses à éclaircir si je ne veux pas être réincarné en plaque d’égout”, disait-il en évoquant ses rapports délicats avec les femmes. Il évitera la plaque d’égout : il fera juste ce qu’il faut pour retrouver Émilie.
“C’est l’histoire d’un photographe fatigué, d’une fille patiente, d’horreurs banales et d’un chat pénible”, écrit Larcenet.
Je ne m'attendais pas du tout à ça en ouvrant cette vande dessinée et la surprise est très bonne.
Je comprends parfaitement sa présence dans le Baby-challenge BD 2012 de Livraddict !
J'ai beaucoup aimé cet univers de la vie quotidienne un peu noir, surtout le fait qu'on sente aussi bien le raz-le-bol de Marco. Il est vraiment au croisement du chemin de sa vie et doit s'éfforcer de savoir et comprendre ce qu'il veut réellement faire maintenant.
Le trouve que le fond des élections présidentielles de 2002 est vraiment parfait pour illustrer tout ça : après tout, si y'a bien une élection qui a partagé les gens, c'est bien celle là. Je trouve que c'est vraiment une période où l'on s'est plus ou moins tous demandé ce qu'on faisait là (enfin, je n'avais que 10 ans à l'époque, mais je m'en souviens bien : dans ma classe on avait vraiment tous eu très peur).
J'ai bien aimé le personnage de Marco : on voit qu'il ne va pas bien, au début sans savoir pourquoi et au fil des pages on comprend de mieux en mieux sa situation. On voit ses peurs, et la pression qu'il reçoit, même celle de la jolie Emilie...
Le coup de dessin de Manu Larcenet est très sympa' et masculin : y'a pas de prise de tête et les couleurs sont jolies. C'est vraiment un dessin chaleureux !
J'ai hâte de découvrir sa suite :)
Du même auteur :
■ Blast ♦ tome 1 : Grasse carcasse ♦ L'apocalypse selon Saint Jacky ♦ tome 3 : La tête la première
■ Le combat ordinaire ♦ tome 2 : Les quantités négligeables
■ Le retour à la terre ♦ tome 1 : La vraie vie