Dans un couvent de Valladolid, quelque soixante ans après la découverte du Nouveau Monde, deux hommes s'affrontent : les Indiens sont-ils des hommes comme les autres ? Pour le dominicain Las Casas, ardent défenseur de la cause indienne, cela ne fait aucun doute : les Espagnols, avides de conquête, ont nié l'évidence, assujettissant et massacrant les indigènes par millions.
Face à lui, le philosophe Sépulvéda affirme que certains peuples sont nés pour être dominés. Tous deux s'entendent sur un point : le nécessaire salut des âmes.
L'issue de ce débat passionné, déterminante pour des millions d'hommes, pourrait bien être surprenante...
Je n'avais jamais entendu parler de cette pièce de théâtre jusqu'au jour où la petite soeur l'a acheté "parce que la prof' de français à dit qu'il serait bien de la découvrir".
Quatre mois après, elle ne l'a toujours pas lu, mais pour moi, c'est chose faite ! Et je dois dire que je l'ai beaucoup apprécié : elle est vraiment très intéressante !
Cela dit, comme je n'ai pas envie de faire un commentaire littéraire sur l'intérêt de cette pièce (de toute façon, je n'en serais sûrement pas capable...!), je vais vous en parler très simplement.
J'ai été très étonnée que ce texte soit si récent : il me semble qu'il est paru pour la première fois en 1992. J'étais persuadée que Jean-Claude Carrière devait être un contemporain de Marivaux (d'un autre côté, si j'avais réfléchi un peu, je m'en serais sans aucun doute aperçue plus tôt !).
Du coup, le langage est moderne et la pièce n'a pas franchement une forme classique : elle tient plus du récit que de la pièce de théâtre. En effet, il n'y a, à proprement parlé, ni actes ni scènes.
Certaines réflexions m'ont quelques peu dérangées, voir choquées. D'un autre côté, il y a un monde entre les esclavagistes du commerce triangulaire et moi (et tant mieux !). Je ne doute pas que l'on pouvait penser ainsi à une époque et même il y a quelques dizaines d'années, il n'empêche que ça m'a personnellement dérangée de lire autant de bêtises en aussi peu de temps. Ça m'a pas mal révoltée et du coup la pièce m'a beaucoup plu : je ne pense pas que je l'oublierais de sitôt.
Il y a peu de personnages dans cette pièce et ce n'est pas plus mal, ça simplifie totalement la situation la rendant extrêmement claire : il y a celui qui affirme que certains peuples sont fait pour être dominés (Sepulveda), celui qui prône l'égalité (Las Casas) et l'homme à convaincre.
Personnellement, je ne me suis pas franchement attachée à l'un des personnages : bien sûr Las Casas à toute ma sympathie, mais ça s'arrête là. Cela dit, la dernière scène m'a énormément plu : elle m'a bien fait rire et à totalement renforcée mon "soutient" à ce dernier.
J'ai beaucoup aimé l'écriture claire et sans chichi de Jean-Claude Carrière : il va a l'essentiel et j'aime beaucoup ça. Il s'agit juste de convaincre l'autre que ce que l'on est la vérité et non de faire de très jolies phrases pleines d'entourloupes façon combat de politiciens... J'ai vraiment trouvé ça très agréable d'autant plus que ça rend La controverse de Valladolid accessible à de jeunes lecteurs comme des collégiens.
La controverse de Valladolid est un livre qui ne m'a pas laissé indemne en émotion !