Et si l'on inversait les rôles ? Les hommes fileraient la quenouille et les femmes établiraient des lois : le monde en serait-il mieux gouverné ? Supposons encore que maître et serviteurs échangent leur costume : le théâtre du monde en serait-il plus juste ? Telles sont quelques-unes des questions posées par les pièces insulaires de Marivaux : les hommes de La Colonie, comme les maîtres de l'île des esclaves, y subissent l'épreuve du changement de condition et découvrent , en perdant - momentanément - le pouvoir, l'injustice d'un ordre social fondé surv les hasards de la naissance et du sexe. De Marivaux, on connaissait "l'anatomiste du coeur humain", on découvre, avec les "utopie sociales" dont les idées modernes et la morale égalitaire annoncent la pensée politique des Lumières. Ni traités politiques, ni discours philosophiques, les îles sont d'abord des comédies légères, utilisant tous les ressorts du langage dramatique avec un art sans égal de la répartie et du tempo : art du marivaudage dans toute sa richesse.
Malgré tout le bien qu'on m'en avait dit, ce n'est que ces derniers jours que j'ai enfin découvert ces deux grandes pièces de théâtre de Marivaux.
Je crois qu'on m'en avait peut-être un peu trop parlé : elles sont bien, mais j'ai trouvé leur fin un peu abrupte...
Les deux histoires sont pourtant très sympathiques : l'idée d'inverser les rôles me plait énormément, d'autant plus qu'elle est bien aboutie dans ces deux pièces. Mais je dois dire que les conclusions, aussi bien celle de La colonie que celle de L'île des esclaves ne m'ont pas franchement convaincue. D'autant plus vu notre société actuelle : d'accord, il y a beaucoup d'ironie dans ces deux pièces, mais au niveau des grands final, je trouve qu'elle aurait pu être un peu plus marquée...
Je ne me suis pas particulièrement attachée aux différents personnages. Que ce soit dans La colonie comme dans L'île des esclaves. Ils ont chacuns une place dans ces pièces mais ils ne m'ont pas franchement touchée.
Je crois que c'est notamment du à l'humour très présent dans ces deux pièces : il impose une certaine distance, notament avec l'utilisation de l'ironie. Et puis, il faut tout de même bien dire que certaines scènes rendent vraiment ridicules certains personnages : difficile alors de s'identifier à l'un d'eux...
Vous l'aurez compris, même si j'ai bien aimé ces deux pièces elles ne m'ont pas franchement emballées. Je ne compte pas vous en dire plus de manière "séparée" car à moins de me lancer dans une critique littéraire digne d'un cours de français et vous spoilez toutes les histoires, je n'ai que des remarques qui s'applique aux deux pièces.
Par contre, j'ai beaucoup aimé l'écriture de Marivaux et l'humour dont il use dans ces textes : c'est vraiment très agréable et renforce considérablement les idées qu'il avance.
La colonie et L'île des esclaves sont deux lectures agréables.