Dans la chaleur étouffante d'un Mississippi pauvre et oublié de tous, l'histoire d'une famille fracassée par une des plus grandes catastrophes de l'histoire des États-Unis.
Esch Batiste, quatorze ans, observe. Elle voit son père tenter de s'extirper des vapeurs de l'alcool pour consolider leur masure ; elle voit Randall, son frère ainé, s'entraîner sans relâche au basket, dans l'espoir de décrocher une bourse sportive, d'échapper enfin à Bois Sauvage, à cette misère ; elle voit Skeet, le cadet, voler de la nourriture pour China, son pitbull adoré, sa championne de combats ; elle voit Junior, le petit dernier, chercher un peu de tendresse et d'attention ; elle voit leur mère, morte en couches, qui veille sur eux malgré tout ; et puis elle voit son corps qui change, ce secret dont elle ne peut parler à personne, ce bébé qu'elle n'attendait pas.
Dans dix jours, un ouragan va frapper le golfe du Mexique. Mais cet ouragan n'est pas un ouragan comme les autres, c'est Katrina, la mère de tous les ouragans. Telle Médée dont Esch lit et relit l'histoire, Katrina est venue pour tuer...
Quand on m'a proposé de découvrir Bois Sauvage, je ne pouvais pas dire non : ça faisait déjà un petit moment que je l'avais repéré ;)
L'histoire est vraiment à la hauteur de mes espérances et je ne peux que comprendre qu'il ait remporté le National Book Award en 2011. Pour tout dire, je ne suis pas passée loin du coup de coeur : j'ai eu tellement de mal à le lâcher une fois commencé !
Par contre, j'ai eu un peu de mal avec la narration au début de l'histoire.
Je pense que c'est surtout du au fait qu'Esch et moi sommes très différentes : sa vie est à des années lumières de la mienne. C'est étrange et dépaysant. Un peu comme quand on va en vacances dans un pays vraiment pauvre où, du coup, tout est vraiment très différent de notre confort à nous : un vrai choc culturel.
Cela dit, au début, l'écriture de Jesmyn Ward n'est pas vraiment des plus simples non plus (même si elle reste très agréable) : parfois on saute un peu du coq à l'âne sans oublier que son écriture est un peu hachée mais toujours dynamique. C'est déstabilisant, mais il faut bien avouer que ça retranscrit à merveille ce qu'il peu se passer dans la tête d'Esch : osez donc dire que quand vous avez des problèmes, vous avez les idées claires !
Cependant, une fois ces difficultés passées, j'ai énormément apprécié ma lecture.
Esch est vraiment une jeune fille très attachante parce qu'on sent qu'elle se bat pour avoir la vie qu'elle veut. Bien sur, elle n'est encore qu'une "petite fille" et ça se ressent fréquemment dans ses paroles, mais elle à un truc en plus qui fait que, malgré ses "bêtises", on ne l'apprécie que plus encore.
J'ai beaucoup aimé les liens qui unissaient leur famille : outre le chagrin de la perte de leur mère, les quatre enfants et leur père partagent vraiment un truc ensemble. On a du mal à se les représenter comme des personnes différentes tellement que les liens qui les unissent sont forts. J'ai beaucoup aimé la façon dont ils se protègent et veillent les uns sur les autres.
J'ai beaucoup aimé la crédibilité de ce roman : rien n'est de trop, rien n'est surfait. Rien dans ce roman ne me fait douter de sa possible réalité même si ce sont des choses que je ne connaîtrais probablement jamais.
On est forcément touché par le destin de cette famille et par son passé : certaines scènes sont vraiment émouvantes, d'autres mettent mal à l'aise et d'autres encore donnent le sourire.
C'est un peu comme une tranche de vie avec une jolie conclusion sur l'amour d'une famille. Et le mieux dans tout ça, c'est qu'ils arrivent à le faire partager au lecteur ;)
Bois Sauvage est un très beau roman.
Un grand merci à Jérémy et aux éditions de m'avoir permis de découvrir Bois sauvage.